Sur la résilience des systèmes complexes

Publié le 10 décembre 2020
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Train au Hampshire Image de Balazs Busnyak

Nous travaillons sur la modélisation des tissus productifs de territoires et l’amélioration de la résilience productive, qu’elle soit industrielle ou alimentaire. Nous souhaitons nous appuyer sur le domaine des systèmes complexes (ou systèmes adaptatifs complexes) pour mieux appréhender le concept de résilience dans un contexte productif.

Eléments de définition pour la résilience des systèmes productifs

ont réalisé une étude bibliographique sur la résilience des systèmes complexes. Ils ont analysé un ensemble de 156 publications dans 6 domaines de recherche : Sciences de l’environnement et écologie, ingénierie, recherche opérationnelle et management, informatique, commerce et économie, psychologie.

Plusieurs définitions de résilience émergent de ces publications, et en particulier les notions de résilience d’une organisation et de résilience économique sont intéressantes pour notre sujet. Ainsi la résilience d’une organisation est définie comme la capacité à rebondir après une perturbation , la capacité de revenir à l’état d’origine ou à un état nouveau, plus souhaitable, après avoir subi une perturbation ou encore la capacité à faire face en amont aux perturbations et aux imprévus, grâce à une prise de conscience stratégique et une gestion opérationnelle liée des chocs internes et externes . La résilience économique est quant-à elle définie comme la capacité inhérente et la réponse adaptative qui permettent aux entreprises et aux territoires d’éviter les pertes potentielles maximales , ou comme la capacité de reconfigurer, c’est-à-dire d’adapter sa structure (entreprises, industries, technologies et institutions) afin de maintenir une trajectoire de croissance acceptable de la production, de l’emploi et la richesse au fil du temps .

s’intéresse à la capacité adaptative des systèmes à travers la notion de résilience adaptative : la capacité d’un système à subir une réorganisation anticipative ou réactionnaire afin de minimiser l’impact d’un choc déstabilisateur.

En prenant en compte la durabilité, définie comme la capacité d’atteindre les objectifs d’aujourd’hui sans compromettre la capacité future de les atteindre, la résilience peut être définie au sens large comme la capacité dynamique de continuer à atteindre les objectifs malgré les perturbations et les chocs .

La notion de perturbation ou choc déstabilisateur dans le contexte productif est présentée par selon deux axes : probabilité de perturbation et gravité des conséquences.

Des indicateurs pour mesurer et améliorer la résilience du système productif d’un territoire

La résilience productive est multi-dimensionnelle.

Parmi les dimensions de la résilience on trouve la flexibilité, la vulnérabilité, le rétablissement et la capacité d’adaptation. Dans ce contexte, la flexibilité est définie comme la capacité du système (par exemple, système de transport, chaîne d’approvisionnement et réseau de production) à prendre des positions différentes pour mieux répondre au changement.

La diversité du système qui mesure du nombre d’éléments et le nombre de liens entre eux, est associée à une grande flexibilité et une faible vulnérabilité. La redondance améliore la résilience, en améliorant la flexibilité et la capacité d’adaptation . Par exemple, avoir plusieurs fournisseurs, augmenter le stock de sécurité, concevoir une surcapacité et adopter des fournisseurs de secours sont des stratégies qui favorisent la redondance et, par conséquent, la résilience dans les chaînes d’approvisionnement .

Le type de gouvernance joue également un rôle dans la résilience des systèmes complexes. Un degré limité de hiérarchie descendante à l’instar des fabrications distribuées améliorent la capacité d’adaptation et l’auto-organisation. De même, un niveau élevé de communication entre les acteurs est essentiel pour construire des chaînes d’approvisionnement résilientes .

Des chercheurs ont étudié les comportements « post-catastrophe » et montrent le rôle important des nouveaux acteurs qui émergent après les crises, ainsi que les initiatives de coproduction, impliquant plusieurs acteurs. Il est montré qu’une approche centralisée où des solutions sont proposées par le gouvernement accroît les tensions et conduit à une reprise à long terme moins efficace .

Enfin, les caractéristiques structurelles du réseau affectent aussi la résilience et ont été étudiées à l’aide de la théorie des réseaux .

Références

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