Coup d'accélérateur du e-commerce en 2020, l'un des effets collatéraux de la crise sanitaire

Publié le 05 février 2021
4 minutes de lecture
PC et table bien présenté

Les chiffres de la FEVAD sont tombés, le e-commerce a dépassé la barre des 110 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2020. Cette accélération de la vente en ligne est l’un des effets provoqués par la crise sanitaire qui a totalement bouleversé nos habitudes de consommation.

Le e-commerce bénéficie des changements d’habitudes des consommateurs

En 2020, la pandémie provoquée par le virus Covid 19 et les confinements qui en ont découlé, ont déclenché des changements dans notre manière de consommer. Le fait d’être bloqué chez soi, de ne pas pouvoir aller dans les magasins physiques librement, la peur de se rendre dans des lieux avec du public a boosté les solutions de type Drive et click & collect. Pendant le premier confinement, le président de l’enseigne Le Grand Panier Bio, Bertrand Pérot, a constaté une explosion de commandes sur ses Drives : « Nous sommes passés de 10 commandes à plus de 100 commandes par jour, il a fallu réagir et s’adapter très vite. »

Les habitudes d’achat des consommateurs ont profondément été modifiées par cette situation de crise sanitaire, au profit du e-commerce. Par la force des choses, beaucoup de clients réfractaires à l’achat sur internet, se sont finalement laissés convaincre. Du côté des commerçants, cette crise a montré aux plus réticents, la pertinence de l’ouverture d’une boutique en ligne. La crise sanitaire a fait sauter des verrous psychologiques et changer les comportements du côté des vendeurs comme des acheteurs. Elle a obligé les entreprises à se réinventer, s’adapter, à devenir résilientes, mais aussi à miser davantage sur une stratégie omnicanale. 

L’explosion de la vente de produits en ligne

Selon les chiffres de la FEVAD, les ventes en ligne (produits et services confondus) ont atteint les 112 milliards d’euros de CA en 2020, pour une croissance globale de 8,5 %. En 2019, elle était de 11,5 %, donc plus élevée. Pourquoi parle-t-on dans ce cas d’une année 2020 exceptionnelle pour le e-commerce ? Afin de mieux se rendre compte des effets de la crise sanitaire, il est important de distinguer la vente des produits de celle des services : on observe une augmentation de +32% des ventes de produits sur internet alors que les services ont subi une baisse de 10%, le secteur du voyage/tourisme ayant particulièrement été impacté par la pandémie avec une chute de – 47 % de son bilan en 2020, par rapport à 2019. La crise sanitaire a donc plombé les services, mais elle a eu un effet accélérateur énorme sur la vente de produits en ligne, avec des pics de consommation qui ont atteint des sommets pendant les deux confinements, notamment le dernier avant les fêtes de Noël.  Concrètement, aujourd’hui le e-commerce représente 13,4 % du commerce de détail, une hausse de 3,6 points en un an.

Personne qui regarde son téléphone - Image de Magnet.me sur Unsplash
Image de Magnet.me sur Unsplash

La crise sanitaire provoque le déclic pour faire passer les entreprises au e-commerce

Avec l’ouverture de 17 400 nouveaux sites e-commerce en 2020, on peut penser que la crise sanitaire a eu un effet défibrillateur sur certaines entreprises, qui jusqu’à l’arrivée de la pandémie, misaient encore principalement sur le commerce en boutique physique. Ces nouveaux arrivants vont donc devoir se battre contre des géants du web déjà bien installés, pour se positionner dans le très prisé top 10 des moteurs de recherche, ce qui va renforcer les actions des agences de web marketing. Comme le précise la FEVAD, on remarque que les consommateurs ont tendance à acheter plus facilement sur des sites de magasins qu’ils connaissent déjà. Ce sont d’ailleurs les enseignes magasins qui ont été plébiscitées sur internet avec des pics de croissance de +100% sur chaque confinement et une augmentation de leur chiffre d’affaires de +50% en moyenne  par rapport à 2019, grâce à l’accélération des livraisons à domicile, du click & collect et du drive. La FEVAD note également un changement de mentalité de la part de certains e-acheteurs qui se tournent vers une consommation écoresponsable, plus raisonnée, privilégiant le made in France et le circuit-court, une piste à suivre pour les nouveaux e-commerçants qui veulent sortir du lot. L’autre piste à explorer est la démocratisation de technologies comme l’intelligence artificielle qui pourraient permettre à ces commerçants fraîchement débarqués sur le marché du web de se faire remarquer et poursuivre leur développement.

« 17 400 nouveaux sites e-commerce en 2020 »

Toutes les entreprises, principalement les TPE, n’ont pas eu le temps, ni les moyens de lancer leur propre e-commerce, elles se sont donc tournées vers les marketplaces. Une solution qui leur a permis de ne pas totalement sombrer pendant les périodes de confinement. En 2020, les ventes réalisées sur les marketplaces ont donc progressé de +27% en moyenne, soit deux fois plus vite qu’en 2019.

Bertrand Chabrier, est directeur marketing et commercial de l’entreprise C-log, spécialisée dans les solutions de supply chain. Avec une trentaine de marques de prêt-à-porter qui passent par les plateformes logistiques de C-log, il a pu constaté les effets de la crise sanitaire sur le e-commerce :

Depuis le confinement du printemps, nous avons une croissance de 70 % sur le e-commerce, ce qui nous a demandé encore plus d’adaptation. Avant on avait des équipes réparties sur le retail, le wholesale et le e-commerce, finalement pendant le confinement on a mis 100 % de nos moyens sur le e-commerce, c’était la seule façon de pouvoir répondre à des demandes très importantes, avec par ailleurs des conditions d’hygiène sanitaire compliquées qui freinent forcément la productivité. On peut dire que la Covid-19 nous a fait basculer un peu plus loin dans l’ère du e-commerce par obligation, on a gagné quasiment 5 à 8 ans de croissance e-commerce en une fois. Plein de gens se sont mis à commander sur internet et ont finalement trouvé ça facile. Même les plus réticents commandent sur internet par peur d’aller dans les magasins. Toute cette transformation , qui était assez longue jusqu’à maintenant, s’est faite brusquement, et maintenant cela s’installe, le rythme e-commerce qu’on a gagné en 6 mois est devenu normal. On peut dire que cela tombe plutôt bien pour nous, puisque d’ici quelques mois nous aurons un entrepôt robotisé très innovant pour le e-commerce, l’investissement était prévu avant la crise, mais il prend encore plus de sens maintenant.

(Retrouver l’intégralité de l’interview de Bertrand Chabrier ici)

Cet article est extrait de notre livre IA : La Grande Mutation du E-commerce, disponible en version papier ou en numérique.