Théorie du Donut : vers une nouvelle économie

Publié le 08 juin 2021
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théorie du donut

Dans un monde fini et complexe, traversé de crises de tous ordres, il est impératif de redessiner l’économie et de l’orienter vers la frugalité et la redistribution. La “théorie du donut”, imaginée par l’économiste Kate Raworth, porte un nom appétissant pour des idées sans carbone ajouté. Economie circulaire et régénérative, transition écologique ou biens communs ne sont que des exemples de ce que promeut cette théorie. Pour les entreprises, le « donut » pourrait se traduire par une nouvelle raison d’être, conciliant productivité raisonnée et préservation de l’environnement.

Cette théorie publiée en 2017 se décline en sept principes, revisitant l’économie en introduisant les enjeux sociaux et environnementaux. Ils ne définissent aucune solution stricte ou mesure spécifique, mais plutôt des voies à explorer pour répondre aux défis de notre temps.

Théorie du donut, pas de trou dans la recette  

Le donut, reconnaissable entre mille pâtisseries, symbolise cette théorie par les limites que lui confère sa forme, entre insuffisance d’un côté et excès de l’autre. Oubliez la croissance éternelle du PIB, pensez équilibre du système socio-économique. En questionnant notre perception du progrès indexé sur la seule croissance économique, Kate Raworth dessine alors un donut qui résume les enjeux du siècle. Dans une conférence réalisée pour TED, elle va même plus loin et parle d’un “changement radical de notre état d’esprit”. Pour simplifier la théorie en un mot, le donut est une image qui représente en son trou central le plancher social indispensable et à l’extérieur, le plafond environnemental non négociable. La pâte à gâteau, le fondement de la théorie, est la juste contraction entre utilisation des ressources qui nous entourent et redistribution sociale : une zone sûre. Et cette vision économique s’applique aux nations, aux villes et jusqu’aux entreprises avec une démarche RSE prononcée.

@OXFAM France – Théorie du donut

Entre plafond environnemental et plancher social

En entourant le donut, les ressources naturelles créent une limite environnementale imposée par leur disponibilité et leur état de préservation. Au-delà de ce plafond (de) vert, ce qui est utilisé engendre une perte irrémédiable, une pollution dommageable des écosystèmes, une brèche difficilement résorbable. Ce plafond est défini selon les neuf limites planétaires, d’après les travaux scientifiques du Stockholm Resilience Center (centre de recherche international), par exemple le climat, l’artificialisation des sols, l’acidification des océans ou les cycles de l’azote et du phosphore.

L’intérieur du donut est entouré d’une bande qui représente notre plancher social, défini par les besoins humanitaires et sociaux qui garantissent à l’individu de vivre dignement : éducation, égalité, nourriture, énergie… Ceux qui n’y ont pas accès, encore trop nombreux, vivent sous la bande inférieure du donut, manquant des ressources les plus élémentaires. Le donut en lui-même représente donc la conciliation de ces exigences sociales et environnementales : justice sociale, circuits courts, économie circulaire, économies d’énergie etc. Un espace juste et sûr pour l’humain et son milieu naturel, entre préservation des ressources et redistribution des richesses, pour lutter contre l’exclusion au centre du beignet.

L’économiste britannique définit délibérément cette théorie comme une nouvelle vision prospective plutôt qu’au travers d’équations souvent réductionnistes ou de lois économiques universelles trop peu discutées. Elle offre l’image du donut pour détourner la pensée économique moderne de ses penchants court-termistes, pour l’orienter vers de nouveaux buts qui impliqueront des outils inédits qu’il nous reste à inventer.

De nouveaux indicateurs de développement

La théorie du donut cherche en premier lieu à s’affranchir du dogme économique qui prône la possibilité et la nécessité d’une croissance exponentielle de l’indicateur roi, le PIB.

Au nom de l’agnosticisme, que faudrait-il pour concevoir une économie capable de gérer la croissance du PIB sans la rechercher à tout prix, sans en dépendre, sans l’exiger ?”, Kate Rasworth insiste pour que nos systèmes intègrent des éléments de mesure d’un développement juste et soutenable, à l’échelle des pays et de la planète. Son livre (La Théorie du Donut) le démontre, mais les exemples abondent dans l’actualité et les médias : la croissance infinie tournera à la dystopie pour l’humain, qui doit désormais impérativement préserver et régénérer le milieu qui l’entoure. 

Cette préoccupation environnementale façonne le donut qui nous rappelle qu’une trajectoire exponentielle pour le PIB n’est tout simplement ni faisable, en raison de l’épuisement des ressources, ni souhaitable, en raison des impacts sur la planète.

 “Les deux derniers siècles d’extraordinaire croissance économique dans les pays à revenu élevé viennent en grande partie de la disponibilité de combustibles fossiles peu coûteux” […] “Il nous faut anticiper la possibilité que la croissance économique ralentisse ou devienne même négative, signalent Ayres et Warr.” 

Kate Raworth – La théorie du Donut.

Côté humain, « à l’intérieur du donut », les priorités sont les besoins élémentaires comme l’accès à l’eau, à l’éducation et à la santé. Selon l’économiste lors de sa conférence TED, “des milliards de personnes se trouvent encore dans le centre du donut”, c’est-à-dire sous le plancher social mondial. Ce fait bien documenté aurait dû nous mettre en éveil sur la dimension réellement descriptive et prédictive de certaines équations économiques. La fameuse « courbe de Kuznets », selon laquelle la croissance suffit à diminuer les inégalités à partir d’un certain stade de développement, a été contredite à plusieurs reprises (notamment par Thomas Piketty). Kate Raworth nous met donc en garde contre sa transposition environnementale récente (c’est-à-dire, la croissance qui résoudrait les pollutions induites par notre développement).

Relation entre croissance et environnement : discussion de l’hypothèse de la courbe environnementale de Kuznets

La théorie du donut va ainsi à l’encontre de l’approche réductionniste des idées économiques classiques. Elle plaide pour une vision holistique, qui associe les sciences humaines, sociales et naturelles dans la construction du « donut » (pour tenir compte par exemple des risques liés au changement climatique ou encore de l’effet rebond des usages numériques). Il est nécessaire de dresser un tableau plus complet de ce qu’on appelle le marché, intégrant cette fois toutes les rétroactions, ce qui rapproche sa théorie des penseurs de la complexité tels Edgar Morin ou Bruno Latour. Cela implique aussi d’abandonner le mythe de l’homme économique rationnel sur lequel se fondent les modèles, pour lui substituer la compréhension des groupes humains, sociaux et adaptables, dans toute leur diversité à travers la planète.

Une boussole pour redessiner l’économie 

Les circuits courts et l’économie circulaire occupent une place importante dans le développement de cette théorie. Elle met en valeur les nouvelles chaînes de valeur et les business models fondés sur ces principes, qui ne renient pas non plus les apports bienvenus des nouvelles technologies (comme l’Intelligence Artificielle) pour relever les défis d’aujourd’hui. En bref, le donut est plutôt une carte (par ses frontières) et une boussole (par ses indicateurs) à l’attention des institutions et des entreprises. Sa vocation est de les aider à évaluer leurs choix d’avancées technologiques, financières, sociales et politiques dans un monde sous tension.

@OpenStudio – Le donut, une galaxie à explorer.
Les influences de Kate Raworth 

“Pour qu’une chose change, il faut construire un nouveau modèle, qui rend le modèle existant obsolète.” (Buckminster Fuller cité dans le livre La Théorie du donut). C’est le défi que tente de relever Kate Raworth avec sa théorie à la forme inédite. Dans son livre, elle évoque les personnalités, les mouvements qui l’ont inspirée, comme par exemple Yuan Yang et le mouvement des “jeunes économistes”. Influencés par le krach boursier de 2007/2008, et souhaitant agir face au modèle actuel de croissance infinie pour en proposer un autre, ils créent “Rethinking Economy”. Leur objectif est surtout de sensibiliser le plus grand nombre aux enjeux du XXIème siècle. Comme son nom l’indique : « Repenser l’Économie », ce réseau étudiant ou de néo-économistes, veut ouvrir ce domaine complexe et le rendre compréhensible, pertinent et ouvert.

Des exemples de politiques publiques basées sur le Donut

À la suite de la crise sanitaire, et pour se relever de ses impacts, Amsterdam devient la première ville européenne à adopter la théorie du donut pour ses décisions sociétales et environnementales. Avant elle, d’autres se sont lancées dans l’expérience d’une nouvelle méthode de développement, comme Oberlin aux États-Unis (Ohio).

L’expérience du Donut à Oberlin

Au bord du lac Erie au nord-est du pays de l’Oncle Sam, la ville de Cleveland côtoie Oberlin et son université qui agissent sous l’égide du donut. La municipalité et son université se sont engagées auprès de la Fondation Clinton pour le climat, afin de diriger la ville vers une diminution de son impact environnemental. Oberlin a pour objectif d’équilibrer les intérêts environnementaux, sociaux et économiques de ses habitants. En 2011, un plan d’action climat a été engagé pour fixer des objectifs systématiques de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 75% d’ici 2030 pour atteindre plus de 100% d’ici 2050.

Oberlin a su s’entourer de partenaires pour améliorer son environnement social, et faire coïncider prospérité et durabilité. La ville a donc aménagé 20 000 acres d’espaces verts et a misé sur le développement des circuits courts pour une économie locale à hauteur de 70% de la consommation de la ville. Elle compte aussi sur des sources d’énergie renouvelables et une réduction drastique de ses émissions carbone tout en améliorant sa croissance économique. L’éducation fait également partie des leviers sur lequel joue Oberlin, en intégrant l’écologie à tous les niveaux dans les écoles et les universités (comme l’Oberlin College Environmental Studies).

Prospérité citadine avec le donut 

La théorie du donut n’excluant en aucun cas la prospérité économique, Oberlin suit ce précepte en soutenant les entreprises existantes sur son territoire, et en favorisant la création de nouvelles dans les domaines de l’énergie ou de l’alimentation locale. Pour la ville, l’agriculture locale est un nouvel enjeu économique afin d’éviter la surproduction, tout en subvenant aux besoins. Oberlin veut produire ce qui est nécessaire et plus uniquement pour le profit. En adéquation avec l’esprit du donut, les ressources sont utilisées à bon escient pour répondre aux besoins des entreprises, des écoles et des personnes. L’économie devient alors majoritairement circulaire et locale, en éliminant au maximum les émissions de gaz à effet de serre, tout en restant économiquement viable.

Oberlin a été remarqué en 2012 parmi cinq “hometowns” de l’Ohio grâce à sa promotion de la coopération, de la vie de quartier et des lieux publics. 

Ohiomagazine.com

En Europe, Amsterdam se met au donut  

Engagée contre le réchauffement climatique, et sous l’épée de Damoclès d’une probable submersion due au rehaussement du niveau de la mer, Amsterdam voit en la théorie du donut une nouvelle manière de penser son territoire. Ambitionnant de devenir une ville prospère sur le long terme, la Venise du nord développe son économie circulaire en recyclant au mieux les matières utilisées et évalue autrement toutes les décisions de politiques publiques.

Un plan d’action a alors été mis en place sur ce qui existe déjà et sur ce qui peut être directement enclenché. L’objectif principal de la capitale est de développer l’économie circulaire d’ici 2050 et de déployer plus de circuits courts. Les élus d’Amsterdam souhaitent créer une ville résiliente, prônant les alternatives du quotidien. Par exemple, certains restaurants de la ville récupèrent les invendus pour les recycler et créer des plats du jour adaptatifs. D’autres s’engagent dans le recyclage de produits alimentaires périmés pour les brasser en bière. C’est un nouveau mode de vie locale et moderne où rien ne se perd et tout se transforme.

Schoonschip, le village “navire propre” d’Amsterdam  

Plus grand quartier de son genre en Europe avec ces 105 habitants, 46 maisons ou quelques 500 panneaux solaires, Schoonschip est un nouveau village flottant. Sur l’eau, amarré à Amsterdam, Schoonschip et sa fondatrice Marjan De Blok, entendent bien prouver qu’une économie circulaire et que les préceptes du donut sont réalisables. Vie décarbonée pour ses habitants et circularité en communauté, ce village applique à la lettre les recommandations de Kate Raworth. Culture de légumes sur place, matériaux de constructions moins polluants comme l’argile, ou encore philosophie du partage avec une seule voiture pour tous les habitants… Schoonschip est en microcosme ce que la théorie suggère à l’échelle mondiale.  

@Julien Toublanc

Amsterdam se positionne, sûrement, en fer de lance de cette nouvelle philosophie de développement. À l’image de son quartier flottant, d’autres initiatives prennent vie à travers la planète et prouvent la viabilité de la théorie.

S’appuyant sur ces exemples de politiques publiques, les entreprises peuvent développer leur propre système de “donut” en lien avec leur responsabilité sociale et environnementale. Ce modèle tend alors à définir une nouvelle production propre, environnementalement et socialement : respecter le salarié et la planète, créer des produits utiles, recyclables voire régénérateurs.

Quelles inspirations pour les entreprises ?  

Pour le quotidien des entreprises, la théorie du donut est l’occasion de questionner le sens profond de leur responsabilité sociale et environnementale et les voies pour la mettre en oeuvre. Par la juste compréhension des besoins et des contraintes, entre plafond et plancher, les acteurs industriels sauront inventer de nouvelles raisons d’être et stratégies de développement, en s’assurant d’un impact positif sur leur territoire.

Bien entendu les enjeux et le changement de paradigme peuvent effrayer, d’autant plus tant qu’une impulsion nationale ou internationale ne fera pas bouger les lignes. En somme, entre la posture “business as usual” d’un côté (ne rien faire) et à l’autre extrémité celle d’un “design généreux” (à l’instar de la nature), il existe de nombreuses nuances de donut. 

Nouvelles méthodes de management  

L’entreprise du donut, c’est donc celle qui a compris qu’elle avait à prendre sa part dans la transformation de l’économie vers plus de justice sociale et de soutenabilité environnementale. En bref, c’est celle qui se réinvente et fait des affaires à l’intérieur du donut, notamment par des actes du quotidien pour réduire son impact écologique : recyclage, économies d’énergie mais aussi les bonnes pratiques numériques à mettre en place. En matière d’actions concrètes pour l’écologie, les entreprises se dirigent le plus souvent vers les économies d’énergie et le choix d’une production éco-responsable. Des efforts sont entrepris et en 2019, selon le Ministère de la Transition Écologique, les énergies renouvelables représentaient 17,2% de la consommation finale brute en France (chiffre national global). 

Pour réduire cet impact sur les ressources environnementales, des labels et des normes mesurent les bonnes pratiques de réduction : recyclage des matériaux (au bureau ou sur les chaînes de production), numérique responsable, sans oublier les petits gestes du quotidien. Les entreprises travaillent aussi sur de nouvelles pratiques commerciales qui permettent de vendre autrement. C’est le cas de l’économie de fonctionnalité – qui remplace la vente d’un bien par la vente de sa fonction – ou même de l’économie du partage (de sa voiture à son logement en passant par ses outils de bricolage). Développement local, circulaire et communication autour des actions d’empreinte écologique, les entreprises s’ancrent désormais sur leurs nouvelles valeurs.  

Utiliser moins de ressources naturelles, créer un nouveau domaine prolifique d’économie 

Ce qu’on appelle souvent rapidement le recyclage (et qui recouvre un ensemble de pratiques diverses) est une autre façon pertinente de croquer le donut de la nouvelle économie. Pour préciser, il peut s’agir notamment du recyclage des matières en « boucle longue », qui est une technique permettant le traitement des résidus et des déchets des uns, pour en faire les intrants chez d’autres. Le recyclage et la réutilisation (le reconditionné) forment le maillon manquant pour boucler l’économie en donut. Des start-up comme Mushroom Packaging et Ecovative design innovent en concevant des matériaux biodégradables, résistants en remplacement de produits en cycle ouvert de l’économie linéaire. Ces deux entreprises fabriquent des emballages et des structures à base de mycélium, les “racines” de champignon, pour remplacer le polystyrène des emballages ou encore des matériaux polluants souvent à base d’hydrocarbures.

Autre exemple, l’entreprise Vicat mêle RSE et développement grâce à sa nouvelle branche Vicat Circulère avec pour objectif un déploiement de l’économie circulaire. La densification des populations dans les métropoles engendre plus de constructions, plus rapidement et une problématique forte autour de la gestion des déchets de construction béton. Ainsi, Vicat cherche à valoriser le maximum de déchets, comme ceux issus des chantiers, le ciment, les granulats et le béton par exemple. Sur son site, l’entreprise écrit que “plus de 50 % des combustibles consommés dans ses cimenteries en France proviennent de déchets recyclés”. Cette valorisation des déchets développés par l’entreprise s’inscrit dans une démarche de réduction de ses impacts sur son territoire. Cette économie circulaire est donc un modèle vertueux pour l’environnement et par ses performances économiques. 

@Mohamed—Assan – Pixabay

Et si l’entreprise nouvelle génération, au fait des enjeux actuels, pensait le cycle de vie du produit ou l’optimisation logistique avec les notions de durabilité et régénération comme boussoles ?

Transport, fabrication, utilisation : une économie circulaire aux multiples rayons d’action

Le passage d’une économie dite “linéaire” à une économie “circulaire” est l’un des 7 leviers d’action proposés par Kate Raworth. En ce sens, sa vision vient entériner et consacrer des expériences qui avaient débuté dès la décennie 1970 (avec notamment les travaux de Walter Stahel et de Genevieve Reday puis la création du Product-Life Institute). Aujourd’hui, pour épauler cette nouvelle conception industrielle, les technologies sont multiples et c’est tout naturellement que les entreprises se tournent vers l’Intelligence Artificielle et sa capacité à traiter des données ouvertes hétérogènes et massives.

Un outil d’aide à la décision comme l’Atlas des Synergies productives, développé par OpenStudio et l’UCA, peut ainsi favoriser l’identification et le développement de ce modèle d’économie circulaire à l’échelle d’un territoire : recyclage ou reconditionnement, boucles longues, mutualisations voire symbioses industrielles. Les propositions de scénarios de nouvelles synergies entre établissements, offertes par l’Atlas, permettent à la fois de prendre en compte les nouvelles exigences des consommateurs pour le local (transparence, traçabilité, circuits courts, réindustrialisation, soutien à l’économie de proximité) mais aussi les exigences de sécurisation des approvisionnements et des chaînes de valeurs industrielles.

Grâce à des systèmes de recommandation – issus des techniques d’Intelligence Artificielle – l’Atlas peut venir garnir la boîte à outils des acteurs territoriaux qui veulent diminuer les externalités négatives voire en développer de positives. Et pour les entreprises, c’est aussi une opportunité de création de valeur par l’utilisation de chaque intrant à son plus haut niveau de valeur (en limitant ou en évitant les déchets dus à une production linéaire, synonymes de coûts).

L’Atlas des Synergies Productives fait ainsi partie de ces outils concrets pour nous aider à passer de la théorie (du donut) à la pratique !

Et maintenant, devrons-nous « apprendre à atterrir » ?

Pour terminer cette esquisse de la théorie du Donut, laissons le mot de la fin à sa créatrice avec un questionnement fondamental pour l’avenir : “Comment préparer l’atterrissage des économies à revenu élevé afin qu’elles se posent sans danger et, le moment venu, deviennent des économies prospères et agnostiques en matière de croissance ? »

[…] Pour se préparer à atterrir, l’économie ne doit donc plus être en pilote automatique, et il faut revoir les structures financières, politiques et sociales qui ont transformé la croissance en “condition normale”. Ce sera difficile, bien sûr, parce que les économistes n’ont ni la formation ni surtout l’expérience permettant de poser l’avion et de créer des économies qui prospèrent avec ou sans croissance. […] Certains penseurs innovants ont commencé à y réfléchir, en demandant, dans les mots de l’économiste écologique Peter A. Victor, si nous pouvons “atterrir par dessein, et non par désastre”.

(Kate Raworth – La théorie du donut

Auteurs de l’article : Aymeric Fournier et Renaud Aioutz-Lefebvre