L'Open Source au sein d'une collectivité territoriale - Nicolas Vivant

Publié le 21 octobre 2025
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Actuellement directeur de la stratégie et de la culture numérique à la mairie d’Échirolles, pendant les vingts premières années de sa carrière Nicolas Vivant est loin du monde de l’open source. Il travaille surtout pour des société américaines, comme HP ou encore Motorola. Il découvre l’open source lorsqu’il entre dans le secteur public en 2009 comme DSI de la municipalité de Fontaine en Isère. Il est alors chargé de mettre en œuvre une politique autour des logiciels libres qui avait été décidée par la commune quelques années auparavant. C’est ainsi qu’il découvre le foisonnement des solutions open source et tous les avantages à les utiliser. Il se définit lui-même comme « un converti » à l’open source, convaincu de façon très pragmatique en constatant la performance et l’agilité des logiciels ouverts.

Quelles sont vos missions au sein de la mairie d’Échirolles?

Quand je suis arrivée à Échirolles en 2021, j’ai eu la bonne surprise de tomber dans un environnement où les élus sont moteurs sur le sujet des logiciels libres. Ils ont décidé la création du poste que j’occupe actuellement justement parce que cette migration vers l’open source n’allait pas assez vite selon eux. Rien que le fait de nommer un directeur de la stratégie et de la culture numérique montre qu’ils avaient une vraie conscience du changement culturel à opérer. Ils ont été fins sur le champs d’action de ce nouveau poste, puisqu’il va au-delà du service informatique interne. C’est vraiment la direction du numérique de la ville, ce qui veut dire qu’il y a aussi un lien avec la population, les partenaires (économiques ou non), les associations open source comme OW2, etc. Le service informatique ainsi que la direction des systèmes d’information ont été placés sous ma direction pour que je puisse vraiment avoir tous les leviers permettant de faire avancer les choses concrètement. La première chose que j’ai fait, c’est de définir une vraie stratégie pour mettre en œuvre la feuille de route politique qui avait déjà été travaillée par les élus, afin de faire évoluer le numérique dans la ville.

Comment s’inscrit l’open source dans cette stratégie numérique globale ?

En réalité, il y a trois grandes valeurs sur lesquelles l’open source a de l’influence. La première c’est la souveraineté numérique. Pour nous, cela correspond à notre capacité à gérer en autonomie notre système d’information. La deuxième valeur très importante est le respect des données personnelles de la population. En devenant autonomes, on se responsabilise aussi sur la gestion correcte des données personnelles de nos administrés, puisque les données sont en interne, elles ne sont plus dans le cloud quelque part. Notre responsabilité est pleine et entière. C’est à nous de nous assurer que c’est correctement sécurisé et bien géré du côté de la RGPD notamment. Et puis, il y a un sujet aussi autour de l’inclusion numérique. Si vous remettez, par exemple, un PC gratuitement à une association ou à un habitant, vous n’allez pas lui faire payer des licences Microsoft Office ou même Windows.

L’objectif est donc de mettre en œuvre des procédures qui nous permettent de nous assurer qu’on avance dans la bonne direction. Par exemple, il y a plein de façons de choisir un logiciel. La plus simple est d’interroger les gens autour de vous, et leur demander quels outils ils ont l’habitude d’utiliser pour gérer les plannings ou autre, et vous prenez celui que tout le monde utilise. Sauf que si on fait ça, on va se retrouver avec des logiciels propriétaires partout. Donc, sur le choix des logiciels, on a mis en place une procédure. Quand on reçoit une demande d’un service pour un besoin en logiciel, premièrement on se demande s’il existe déjà un logiciel en interne permettant d’y répondre. Deuxièmement, s’il n’y a pas de logiciel en interne, est-ce qu’il existe un logiciel open source permettant de répondre aux besoins. Si oui, on l’installe, on paramètre, on forme les utilisateurs et puis on le maintient. Sinon, est-ce qu’il existe un logiciel propriétaire ? Et en dernier recours, si on ne trouve pas de logiciel même propriétaire, on fait un développement en interne.

Cette simple procédure a des incidences en termes d’organisation, parce que cela veut dire qu’au niveau du service, il faut qu’il y ait quelqu’un qui soit garant de la mise en œuvre de cette procédure-là. Cela veut aussi dire qu’il faut avoir des compétences en développement en interne. Tous ces paramètres n’existaient pas auparavant et il a donc fallu les mettre en place. Le choix d’un logiciel est un exemple, mais on a énormément de procédures du même ordre qui sont diffusées dans les services.

Est-ce que vous avez fait un travail d’acculturation auprès des utilisateurs finaux dans les services municipaux ?

Non pas réellement, à moins qu’on nous pose la question, on ne rentre pas dans ces considérations. Si on propose un outil qui fonctionne mieux, dont l’interface est plus ergonomique etc, et qu’en plus il coûte moins cher c’est satisfaisant pour tout le monde. L’objectif, c’est quand même de rendre le meilleur service possible et d’avoir un système informatique qui marche très bien. Je ne crois pas que faire de la communication politique sur les joies des logiciels libres aura un réel impact sur l’adoption d’un outil, pour la plupart des gens, cet aspect est quasi invisible. Il peut y avoir une résistance importante au changement même pour le passage d’un logiciel propriétaire à un autre logiciel propriétaire. Le changement, c’est toujours quelque chose qui peut potentiellement être mal vécu par les gens dont on change les habitudes de travail. On doit donc prendre ça en compte aussi dans notre stratégie de déploiement. Par exemple, quand on a franchi une nouvelle étape sur le déploiement de Linux dans la commune, nous n’avons pas communiqué bruyamment et imposé un passage sous Linux pour tout le monde. On a commencé par un plan basé sur le volontariat, avec un appel pour les gens qui avaient déjà envie de passer sous Linux. On va logiquement s’occuper des volontaires en premier. Dans un deuxième temps, on fera de l’incitation, mais cela ne sera toujours pas obligatoire. En fait, on avance en générant le moins de résistance possible. Quand vous avez un changement de logiciel ou pire, de système d’exploitation, le fait qu’il y ait déjà des early adopters en interne et qu’ils utilisent la nouvelle solution sans rencontrer de difficultés particulières, lève un certain nombre de freins.

Pour les utilisateurs, cela veut dire qu’il y aura beaucoup moins d’interruptions de services et les rares interruptions de services vont durer moins longtemps. Il y a donc une confiance et une sérénité qui se développent chez les utilisateurs, parce qu’ils ont le sentiment que tout est maîtrisé. Ils n’ont pas de réponses du type : « Attendez, ce n’est pas nous, c’est notre prestataire. » ou « On a fait un ticket, on attend qu’ils reviennent vers nous, mais cela prendra du temps. ».

Vous qui avez une longue expérience dans les collectivités territoriales, en quoi à votre avis les valeurs de l’open source sont-elles corrélées à celles du service public ?

Pour répondre à votre question il faut revenir aux valeurs du service public. Qu’est-ce qu’un service public ? Un service public, c’est une structure qui ne gagne pas d’argent. On est même dans l’obligation, au niveau budgétaire, d’équilibrer nos recettes et nos dépenses. Par exemple une piscine municipale coûte des millions d’euros. Il est impossible d’avoir une piscine municipale rentable. Le service public, comme sont nom l’indique, rend service à la population. Et que fait un développeur qui travaille sur un logiciel et le met à disposition gratuitement avec les codes sources, la documentation, etc ? C’est la même chose, il rend service, avec en plus le plaisir de développer un beau logiciel, d’animer une communauté, d’avoir des échanges autour de son travail. Finalement, l’open source est un service public par essence.

Aujourd’hui dans notre métier on se doit d’être 100% transparent. Toutes les délibérations sont publiques, tous les arrêtés sont publics. L’ouverture et la transparence sont des valeurs qu’on nous demande de mettre en œuvre dans le cadre du service public, et les logiciels libres fonctionnent exactement de la même façon. Il faut se rendre compte que la pire des solutions serait de fonctionner avec un logiciel propriétaire en cloud, avec les données des Échirollois qui sont au mieux à Paris ou à Strasbourg, au pire quelque part dans un data center à Houston, sur un serveur que vous ne maîtrisez absolument pas, et avec un logiciel que vous ne maîtrisez pas d’avantage. Vous êtes complètement dépendants et indirectement vous rendez votre population dépendante.

Mais cette politique open source n’est pas forcément appliquée par toutes les collectivités territoriales. Vous qui êtes en lien avec d’autres DSI dans d’autres collectivités, est-ce qu’il y a quand même une dynamique vers l’open source ?

C’est encore un sujet complexe. À Échirolles, favoriser l’open source relève de la volonté d’une municipalité entière. C’est un cas particulier. Tous les DSI que je connais déploient de plus en plus de logiciels libres, mais ils ne sont pas forcément portés par une volonté politique. Il n’y a pas toujours une cohérence et un lien entre ce qui est fait au niveau de l’informatique en interne et le projet politique du service public. Le même niveau de conscience des enjeux autour du numérique n’est pas atteint par toutes les parties prenantes. Ce sont des choix forts, par exemple à Échirolles, on ne peut pas rentrer au service informatique en étant opposé à l’open source, ce n’est pas possible. Donc cela veut dire que le service RH est impliqué dans ce mouvement puisque les recrutements vont aussi se faire en incluant ce critère. C’est loin d’être le cas partout, dans d’autres collectivités, il n’y a aucun problème à embaucher un informaticien qui n’a pas de compétences dans l’open source. En revanche il y a un facteur qui joue en faveur de l’open source, ce sont les restrictions financières. Cette contrainte est une opportunité pour faire adopter des logiciels open source beaucoup moins onéreux que les logiciels propriétaires. Il faut mesurer à quel point c’est une révolution dans le fonctionnement des collectivités. Généralement, en début d’année, il y a une période de préparation budgétaire, vous interrogez les services, quels sont vos besoins pour l’année à venir ? Vous budgétez les achats que vous allez devoir réaliser soit en matériel, soit en logiciel et puis votre liste de projets pour l’année. Les logiciels libres viennent bousculer ce fonctionnement parce que si vous avez les compétences en interne pour installer, paramétrer, former et maintenir, il n’y a plus besoin de budgéter. On devient bien plus réactif, on peut gagner 6 à 9 mois pour répondre aux demandes en logiciel d’un service.

Lorsque vous développez des solutions en interne, est-ce que vous les ouvrez aussi en open source ?

Pour l’instant, on ne l’a pas fait parce qu’on n’a pas eu besoin de développer de solutions nous-mêmes. Comme je l’ai expliqué, dans la procédure de choix de logiciels c’est vraiment la dernière solution, l’ultime recours. En revanche on a un développeur qui contribue aujourd’hui à des projets open source que nous utilisons. Il prend 20 % de son temps uniquement pour la contribution en ligne. Après il y aura peut-être bientôt des développements internes notamment un pluggin sur WordPress, et là oui il est évident qu’on le mettra sur un gitlab, sur une forge publique, cela fait partie de nos engagements.

Avez-vous un chiffre global sur le pourcentage de logiciels libres que vous utilisez au sein de la mairie d’Échirolles ?

Je peux répondre à cette question sur tout ce qui est en lien avec l’infrastructure, les logiciels libres sont largement majoritaires. J’ai fait une liste dernièrement, et j’ai comptabilisé entre 60 et 70 logiciels libres, ce qui représente environ 80% des logiciels utilisés. Il y a beaucoup de logiciels qui sont invisibles pour les utilisateurs notamment ceux qui ne servent qu’à gérer le réseau ou encore tous les logiciels d’infrastructure. Nous sommes en veille permanente sur les nouvelles solutions qui sortent et ce qu’elles peuvent apporter. On ne répond pas toujours à une demande, on peut aussi proposer des logiciels qui nous semblent pertinents et qui vont permettre de simplifier la vie des agents.

La commune d’Échirolles a donc l’air très mature sur l’open source, est-ce que vous êtes sollicités par d’autres collectivités qui voudraient s’inspirer du votre travail ?  

Énormément. Je ne compte plus le nombre de communes, d’agglomérations, de collectivités qui m’ont contacté, et même des entreprises. Bien entendu je ne refuse jamais de contribuer, d’aider. Je suis aussi sollicité par des cabinets de conseil qui travaillent avec les municipalités. Par exemple, une commune envisage un passage au logiciel libre, ou en tout cas s’interroge sur l’opportunité de le faire et s’appuie sur un prestataire externe pour l’aider. Ces prestataires vont m’appeler pour me poser un certain nombre de questions pour nourrir leurs réflexions, évacuer leurs doutes, et de même, je leur réponds volontiers.

Je m’investis aussi au-delà de la commune pour partager ce que nous mettons en place à Échirolles et évangéliser sur le sujet de l’open source. J’échange beaucoup avec la Dinum, et même au niveau de la Commission européenne. Je participe à des workshop avec d’autres villes, d’autres pays. Je constate tous les jours que le logiciel libre est possible et que c’est même mieux, donc et je suis persuadé que ce qui a été bien pour Fontaine ou Échirolles, peut fonctionner pour d’autres.

Quels sont pour vous les freins au développement du modèle open source ?

Il y en a plusieurs, mais je dirais avant tout que c’est vraiment un changement culturel. Les gens n’achètent pas ce qu’ils ne connaissent pas. La publicité sert à cela d’ailleurs. Les gens vont avoir naturellement plus confiance dans des produits qu’ils connaissent ou qu’ils ont le sentiment de connaître. C’est exactement la même chose en informatique. Il y a des logiciels qui sont tellement connus qu’ils sont passés dans le langage courant. On ne dit plus une présentation, on dit un Power Point. Tout le monde connaît, tout le monde l’utilise. Pour sortir de là, il y a du marketing interne et externe à faire. Le contre-exemple, la très mauvaise idée marketing c’est ce qu’a fait Linux en proposant de déployer des versions de son système spéciales enfant dans les écoles. Les parents et les enfants associent dans leur tête Linux à un système pour enfant, donc moins bien, les utilisateurs ont l’impression que c’est un jouet. Microsoft n’a jamais fait de version de Windows exprès pour les écoles. Tous les PC qu’on trouve dans les écoles aujourd’hui sont sur Windows 10 ou Windows 11, du coup c’est la même chose à la maison. Si Linux fait pareil et distribue une belle version dans les écoles, les gens vont réaliser que c’est simple, que c’est gratuit, que ça marche bien et que c’est beau. Donc oui, bien sûr, le marketing joue énormément. J’analyse beaucoup les échecs, pourquoi il y a eu des marches arrières sur le déploiement de solutions open source dans les collectivités ? Et comment les succès ont été des succès ? Je pense à la gendarmerie par exemple. J’ai échangé il y a quelque temps sur la stratégie de déploiement avec le responsable en charge à la gendarmerie, et on s’est rendu compte qu’on avait mit en place la même stratégie pour détourner les freins rencontrés.

Pour lever ces freins-là, il faut le faire à la fois par le bas, c’est-à-dire en apportant des solutions et en montrant qu’elles sont innovantes, stables, performantes, et à la fois par le haut, avec une incitation auprès des décideurs politiques, des législateurs. Pour en avoir discuté au niveau de la Commission européenne, la France et l’Allemagne sont perçues comme les pays les plus en avance sur le sujet de l’open source. Moi, je pense qu’il y a une carte économique à jouer. Plutôt que d’essayer de faire un moteur de recherche à la Google, de faire un cloud à la Amazon et d’essayer de copier ce que font tous les Américains, je pense qu’il serait intéressant qu’il y ait une prise de conscience au niveau de l’État, qu’il y ait un pas de côté qui soit fait. Et là, on pourrait être réellement innovant, performant et se positionner différemment au niveau international. D’un point de vue économique, l’open source pourrait être un fer de lance.

Dans les perspectives d’avenir de l’open source quels sont les vecteurs qui vont permettre selon vous un déploiement plus important de cette manière de travailler en France et Europe ?

Moi je crois à l’influence d’exemples de succès. Encore faut-il bien communiquer, je pense à VLC qui a tellement bien marché qu’on en oublie que c’est un logiciel français. VLC représente des milliards de téléchargements, c’est monstrueux et c’est une association à la base ! Ce sont des bénévoles qui le développent. Vous interrogez un Américain, il ne sait pas que VLC est français. Il faut mettre en valeur de gros acteurs majeurs comme celui-là qui montrent que c’est possible. Ensuite pour revenir aux collectivités que je connais bien, comme je le disais les contraintes financières deviennent moteurs parce que les budgets sont de plus en plus serrés, et les éditeurs propriétaires n’hésitent pas à augmenter significativement leurs prix. Je pense aussi qu’il faut créer encore plus de synergies entre tous les acteurs de cet écosystème open source, ce qui est un gros chantier. Il faut faire travailler ensemble ce foisonnement, cette richesse au niveau des associations, institutions et entreprises.

Est-ce que les logiciels propriétaires ne vont pas se desservir et faire le jeu de l’open source à force de multiplier les augmentations de prix, les contraintes au niveau des licences, etc. ?

Au niveau des collectivités, si clairement. Plus généralement, je ne crois pas. Dès que quelque chose devient cher, on l’associe à du luxe, et c’est bien de l’avoir. Exemple, l’iPhone, le MacBook Pro. Vous pouvez avoir pour deux fois moins cher un PC aussi puissant qu’un MacBook Pro, mais ce n’est pas un MacBook Pro. L’effet marque marche toujours, c’est cher, donc c’est bien. Les gens associent quand même la qualité au prix. Les logiciels libres souffrent d’ailleurs de la gratuité (relative) des licences. C’est gratuit, donc c’est moins bien. Après, il y a aussi des logiciels libres qui se sont imposés et ils se sont imposés parce qu’ils étaient meilleurs. C’est là-dessus qu’il faut travailler. Je reprends l’exemple de VLC. VLC s’est énormément déployé parce que c’était le seul logiciel qui permettait de lire toutes les vidéos. Sur n’importe quel forum, dès que quelqu’un disait : « J’ai des difficulté à lire telle vidéo ou telle autre. » on lui répondait d’installer VLC.

À mon sens, ce n’est pas en mettant en avant les valeurs qu’on s’assurera du succès de l’open source. C’est juste parce qu’on proposera des solutions qui sont meilleures que les solutions propriétaires, en plus d’être gratuites. La difficulté, c’est que ce n’est pas un fonctionnement habituel. Il faut se confronter à un nouveau mode de fonctionnement, mais l’énorme avantage, en plus de faire des économies financièrement, c’est qu’on gagne en autonomie et en stabilité de son système. Et ça, c’est précieux.

On entend souvent dire qu’avec l’open source, ce qu’on économise en coût de licence, on le paye en prestations. C’est complètement faux. Il ne faut pas croire que dès que vous acheté un logiciel propriétaire, vous êtes tranquilles et vous saurez le faire fonctionner. Le niveau de prestation et le niveau de formation seront identiques que ce soit un logiciel propriétaire ou un logiciel libre.

Pour terminer avec une autre idée reçue, est-ce qu’il n’y a pas aussi un côté rassurant lorsqu’on paye le prix, de se dire que derrière c’est du solide, alors que l’aspect “communautaire” de l’open source peut être au contraire un facteur déroutant ?

C’est en effet une idée reçue là encore. Admettons qu’un logiciel libre soit portée par une société qui finalement ferme ses portes, le logiciel ne cesse pas de fonctionner pour autant, ce n’est pas une licence annuelle qui au premier janvier ne marche plus. Au moment du confinement, on s’est tous mis à la recherche de solutions de visio conférence. J’étais alors dans la commune de Fontaine où on a benchmarké toutes les solutions de visio libres et on a fait le choix de BigBlueButton. D’autres collectivités de la métropole grenobloise ont fait le choix d’une solution propriétaire portée par une entreprise qui a fermé ses portes en juillet 2022 et se sont ainsi trouvées en difficulté. La solution libre que nous avons adoptée, elle, fonctionne bien et continue d’être maintenue. Une démonstration concrète que la qualité et la pérennité d’une solution ne dépendent pas du fait qu’elle soit libre ou propriétaire.

Retrouvez cette interview en intégralité dans notre livre blanc « Open Source et Logiciels Libres : perspectives et visions des acteurs de l’Open Source », disponible en ligne et en version papier (via formulaire).